Aigle, en pleins travaux, se transforme

La ville du Chablais vaudois prépare son avenir. Entre aménagements urbains et chauffage à distance, des changements en profondeur s’opèrent pour que la population ait «une ville de notre temps.»

Les achats de Noël ont été compliqués pour la population d’Aigle (population de près de 12 000 personnes, en forte progression) fin 2024: pendant plusieurs semaines, la compagnie Transports publics du Chablais (TPC) a changé les rails, en plein centre, de la ligne reliant la ville à Leysin tandis que des travaux pour l’infrastructure du chauffage à distance sont en cours. La ville elle-même n’est pas en reste: elle procède à de nombreux aménagements urbains, comme des zones de rencontre à 20 km/h avec bandes de verdure et îlots pour lutter contre la chaleur en été, sans compter les préparatifs pour une nouvelle place du marché. Après le rejet en votation d’un premier concept, un nouveau projet vient d’être présenté.

«Bien sûr, tous les chantiers représentent des désagréments», souligne Damien Hediger, chef du Service technique d’Aigle. «Cela fait une année et demie que les travaux ont commencé pour le chauffage à distance, qui est un gros perturbateur sur nos routes. Mais, en définitive, nous aurons une ville bien de notre temps, avec, notamment, une place du marché conviviale».

Plusieurs carrefours font actuellement l’objet de travaux, précisément pour le chauffage à distance, un investissement de plus de 160 millions de francs. «Aigle est la première ville dans le canton de Vaud que nous raccorderons», explique Mentor Ilazi, responsable service du Thermoréseau de Satom SA, entreprise semi-publique appartenant aux communes vaudoises et valaisannes. «Nous valorisons 100% des rejets thermiques, puisque c’est la chaleur dégagée par l’élimination des déchets qui alimente le réseau de chauffage à distance.»

Aigle suit ainsi l’exemple des communes valaisannes de Monthey et Collombey-Muraz, qui sont déjà reliées à 90% au chauffage à distance. «Ces deux villes «économisent à peu près 16 000 tonnes de tonnes de CO2 par année, par rapport à la situation antérieure», poursuit Mentor Ilazi. «En outre, 560 cheminées ont disparu et la raffinerie a été fermée. La qualité de l’air s’est ainsi nettement améliorée.»

Mais avant d’en arriver là, les travaux, tous l’objet d’une soumission publique («les entreprises de la région participent», précise le responsable), sont conséquents. A Aigle, une «chambre» en béton (carrefour de quatre «bras», avec des vannes, où se croise les conduites) est déjà terminée, près de l’arsenal militaire; les autres sont en train d’être bâties.

La Municipalité a profité de ces ouvertures du sous-sol pour renouveler des conduites d’eau potable, situées au-dessus. «Nous faisons tout pour coordonner nos différents projets, ce qui n’est pas toujours facile», indique Damien Hediger. «Pour certains d’entre eux, nous devons passer par une mise à l’enquête, tandis que Satom peut commencer dès qu’elle a les autorisations.»

Pour le chauffage à distance, les plus gros travaux à Aigle sont attendus en 2025 et 2026. Le raccordement des quartiers concernés devra se faire dans le courant de 2027. C’est aussi cette année-là qu’ouvrira le nouveau gymnase cantonal du Chablais, sur le site de l’ancien hôpital d’Aigle. Le gros œuvre devrait être achevé cette année. Un passage sous un pont est en train d’être construit pour qu’élèves et personnel enseignant aient un trajet direct depuis la gare.

La liste des projets de construction qui transformeront Aigle est encore longue: cette année, les TPC déplaceront d’environ 40 mètres une halte de train de la ligne Aigle-Sépey-Diablerets (ASD). Autour de 2030, certains passages pour permettre la circulation d’un nouveau matériel roulant des TPC sur la ligne Aigle-Leysin (AL) seront élargis.

Une passante interroge Damien Hediger sur la présence d’ouvriers et des barrières de protection près d’un immeuble locatif: «Ah, ça, ce n’est pas la commune», répond-t-il, «c’est la pose de la fibre par un opérateur de téléphonie…».

Auteure: Ariane Gigon