Bilan de l’année 2020 pour les entrepreneurs

En raison notamment de la pandémie, le secteur principal de la construction a perdu 1,2 milliard de chiffres d’affaires en 2020. Pour autant que les maîtres d’ouvrage publics appliquent le plan en cinq points de la SSE et d’Infra Suisse, l’année 2021 devrait enregistrer une légère hausse de 1.5%. 
 
À elle seule, la branche de la construction génère 10% du PIB suisse et emploie 8% des salariés de ce pays. Dans certains cantons, elle fait même partie des trois principaux employeurs. Le secteur principal de la construction est donc un pilier de l’économie suisse. En 2020 plus particulièrement, année de pandémie, le secteur de la construction a prouvé son importance pour l’économie en général. Les entreprises de construction ont démontré qu’elles assumaient leurs responsabilités et que le travail sur les chantiers pouvait se poursuivre en toute sécurité. En très peu de temps, des plans de protection efficaces ont été mis au point et appliqués. Dans la majeure partie du pays, les chantiers sont restés ouverts et ont pu se poursuivre en toute sécurité. Les plans de protection, avec leurs règles de distanciation et d’hygiène, ont fonctionné très rapidement, et c’est toujours le cas actuellement. La Suva a confirmé que plus de 97% des chantiers étaient exploités conformément aux règles édictées. Grâce à ces mesures, le travail sur les chantiers a pu se poursuivre, même si la productivité en a inévitablement pâti. En 2020, le secteur principal de la construction a réalisé un chiffre d’affaires de 19,5 milliards de francs, soit 5,8% de moins que l’année précédente. 2020 a été la moins bonne de ces cinq dernières années dans la construction.  
 
Fort recul de la construction résidentielle en 2020 
Dans la construction résidentielle, une correction se dessinait depuis longtemps déjà, et ce segment a donc enregistré une nette baisse en 2020. La SSE estime que la construction résidentielle repose maintenant sur une base solide et que ce segment devrait évoluer un peu mieux cette année. En matière d’offre, les faibles taux d’intérêt et la normalisation des demandes de permis de construire portent leurs fruits. En ce qui concerne la demande, la confiance est de mise, sachant que le solde migratoire net est resté stable et que les gens recherchent davantage des logements plus grands en raison du passage au télétravail. Par conséquent, il est probable que la population active soit prête à accepter une distance plus importante entre domicile et lieu de travail. Cela devrait contribuer à faire baisser les taux de vacance très élevés dans les communes rurales. La demande dans les centres urbains et agglomérations va cependant rester forte.  
 
Stagnation probable de la construction non résidentielle 
Selon divers instituts de prévision, comme le SECO, le KOF et BAK Economics, le PIB suisse devrait croître cette année de 2 à 3% par rapport à l’année précédente. Comme la situation conjoncturelle globale pourrait s’améliorer cette année, il est possible que la demande pour les bâtiments commerciaux soit à nouveau plus forte. Au cours du second semestre 2020, tant l’activité de construction que les volumes de commandes de bâtiments commerciaux et industriels ont augmenté. Malgré tout, l’évolution de la pandémie demeure très incertaine et la vaccination peine à avancer. En conséquence, la construction non résidentielle devrait finalement stagner. 
 
La reprise dépend beaucoup des maîtres d’ouvrage publics 
Normalement, les pouvoirs publics représentent la moitié du chiffre d’affaires du secteur principal de la construction. En 2020, les mandats reçus de la Confédération, des cantons et des communes ont reculé de 2%, contrairement à la tendance des dernières années. Le génie civil public, le segment le plus important du secteur, a même enregistré un recul des commandes de 3,4%.  
 
Depuis le début de l’année 2021, le volume des commandes pour des marchés publics n’a cessé de diminuer, ce qui est très inhabituel. En temps normal, il augmente en cours d’année. Si le rythme actuel persiste, les carnets de commandes pourraient même atteindre le niveau le plus bas jamais enregistré depuis des années. Les projets d’infrastructures sont planifiés à long terme et leur réalisation intervient en général sur plusieurs années, à l’exemple du tunnel de base du Gothard, avec un temps de construction d’une vingtaine d’années. La manière dont évoluera ce carnet de commandes à long terme, qui est une sorte de tampon de sécurité pour les entreprises de construction, dépendra de la propension des maîtres d’ouvrage à faire avancer des projets nécessaires et bien souvent déjà mis sur les rails. Il faudra ainsi qu’ils les soutiennent activement et qu’ils adjudiquent à nouveau davantage de marchés.  
 
Impact sur l’emploi 
Avec leurs commandes, les pouvoirs publics influencent le nombre d’emplois que le secteur de la construction peut offrir. En 2019, le secteur principal de la construction employait plus de 80 000 salariés en poste fixe, et relativement peu de personnes étaient au chômage, surtout en été. 2020 avait très bien démarré, au début de l’année le taux de chômage était inférieur à celui 2019. Cependant, la tendance s'est inversée à partir du mois de mars. Beaucoup moins de nouveaux postes ont été créés qu’à l’accoutumée. Certains mois, on a constaté jusqu’à 80% de chômeurs en plus. Jusqu’à 4000 emplois fixes et temporaires n’ont pas été créés ou ont été détruits.  
 
Pour maintenir l’emploi et l’activité, il est donc primordial que les maîtres d’ouvrage publics appliquent le plan en cinq points de la SSE et d’Infra Suisse. En d’autres termes, il faut qu’ils lancent leurs projets prêts à être réalisés, octroient des mandats, fassent avancer les planifications en cours et accélèrent les procédures d’autorisation dans les cantons et communes. 
 

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Schweizerischer Baumeisterverband

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