Construction d’une tour à l’aide de l’impression 3D

La «Tour blanche», l’un des édifices les plus hauts imprimés en 3D par des robots, sera réalisée dans le petit village de Mulegns dans les montagnes grisonnes. Les travaux devraient débuter en 2022. La tour de béton entièrement imprimée en 3D reposera sur une fondation historique et atteindra une hauteur de 29 mètres. L’impression 3D est un processus de fabrication additive qui consiste à ajouter des couches successives de béton frais sur la base d’un modèle numérique. 

 

Par le passé, les entrepreneurs grisons se sont faits un nom en Europe, notamment en Allemagne, grâce à la construction de magnifiques bâtiments baroques. Le fait qu’ils ont été poussés à émigrer n’était pas une exception, car le canton des Grisons était incapable de nourrir ses habitants. Pour beaucoup de gens, l’émigration était la seule issue. Certains ont fait fortune à l'étranger, comme les familles de confiseurs Poltera et Jegher, qui sont revenus à Mulegns pour y construire des villas majestueuses.

Dans ce village  qui borde la route du col du Julier, le tourisme a toujours occupé une place importante, et les touristes ont été nombreux à visiter Mulegns. Le revers de la médaille est que les visiteurs ont poussé trop d’habitants à quitter le village. Aujourd’hui, le village ne compte plus que 16 habitants. La fondation Nova Fundaziun Origen, lauréate du prestigieux Prix Wakker en 2018, s’est fixée pour objectif de sauver le patrimoine culturel et historique du village tout en redynamisant cet endroit unique situé sur les flancs du col du Julier. Ces dernières années, elle a réalisé d’importants progrès. La «Villa blanche», une vielle maison classée au patrimoine, a été déplacée de quelques mètres pour la sauver.

Coopération avec l’EPFZ 

Et Mulegns va bientôt ouvrir un nouveau chapitre de la technique de construction. Sur une fondation historique sera construite une tour imprimée en 3D par des robots. Sa forme est inspirée par les édifices baroques des entrepreneurs émigrés et les gourmandises des confiseurs grisons. La tour montre que l’impression 3D ouvre la voie à un nouveau langage visuel dans la construction. La nouvelle technologie (la tour sera en effet l’un des bâtiments les plus hauts imprimés en 3D à l’aide de robots) a été développée par l’EPFZ, l’une des principales parties prenantes de ce projet d’envergure. «Le projet ‘Tour blanche’ marque une étape importante dans la fabrication numérique et démontre la compétence exceptionnelle de recherche de l’EPFZ dans le domaine de la construction numérique», explique Giovanni Netzer, porte-parole de la Nova Fundaziun Origen. Le diamètre de la tour mesurera 9 mètres, et la salle de théâtre sous le dôme permettra d’accueillir 45 spectateurs. La tour sera construite à partir d'éléments préfabriqués imprimés en 3D composés de plus de 4’000 couches au total. Chaque couche d'impression aura une épaisseur de 5 mm et une largeur de 20 mm.

Pas de coffrage, moins de matériaux utilisés 

L'impression 3D réduit la consommation de matériaux et les transports grâce à la production sur place, se passe de coffrages et permet des structures modulaires. La tour sera construite de manière à pouvoir être démontée et reconstruite à un autre endroit. Le projet prévoit la construction des fondations ainsi que l’impression et le montage des éléments en 2022. La tour sera inaugurée en 2023 et démontée deux ans plus tard. Le projet est soumis à un examen préliminaire par les autorités cantonales et nécessite une modification de la zone à bâtir avec participation du public et un permis de construire qui sera octroyé d’ici fin 2021. Les coûts du projet s’élèvent à 3,5 millions de francs. La tour accueillera des installations artistiques et des spectacles.

A propos de l'auteur

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Susanna Vanek

Rédactrice / Spécialiste en communication

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