Des pipelines pas comme les autres

Grâce à des mesures de construction, un alpage glaronais bénéficie désormais d’un raccordement à un réseau de lactoducs lui permettant de continuer à être exploité avec succès.

Grâce à des mesures de construction, un alpage glaronais bénéficie désormais d’un raccordement à un réseau de lactoducs lui permettant de continuer à être exploité avec succès. 

 

Bien que l’exploitation des alpages ne joue qu’un rôle économique mineur, elle revêt une grande importance sur le plan culturel et environnemental. Pour cette raison, la commune de Glaris Sud a décidé d’investir dans l’avenir de l’alpage Alp Chamer. Il convient notamment de garantir l’approvisionnement en eau de l’OberstafelStafel désignant la «terrasse» d’un alpage, dans ce cas la plus haute. On a constaté que cela n’était pas le cas durant les étés chauds de 2018 et de 2022. Cette situation est problématique pour les hommes et les animaux, sans oublier que les ustensiles à lait ne peuvent être nettoyés régulièrement. Par ailleurs, la commune a décidé de remplacer l’ancien téléphérique de matériel, utilisé pour transporter le lait, par une conduite spéciale appelée «pipelait» dans laquelle le lait descend de Oberstafel à Mittelstafel. Le téléphérique de matériel méritait d’être rénové, mais présentait l’inconvénient de traverser une zone exposée aux avalanches. Par le passé, il a été endommagé à plusieurs reprises par des avalanches.

Conformément à la stratégie alpine de la commune de Glaris Sud, le lait de l’Oberstafel n’est pas transformé sur place à l’alpage et doit être transporté deux fois par jour dans la vallée. Comme une route mène jusqu’au Mittelstafel, c’est là que le lait peut y être collecté. Grâce aux améliorations apportées au système d’approvisionnement en eau de l’Oberstafel, il sera possible de régulièrement rincer le pipelait, une mesure indispensable. Il sera également plus facile de laver les ustensiles à lait. Auparavant, l’Oberstafel n’était accessible que par un sentier pédestre. Le projet prévoit actuellement la construction d’un chemin pour le bétail sur un tronçon de 2,7 mètres de long. Il fera 1,6 mètres de largeur. L’Oberstafel sera ainsi également accessible à l’avenir. 

L’entreprise Linth STZ a été mandatée pour réaliser ces travaux de construction exigeants. Le conducteur de travaux, Franc Tresch, indique que le terrain raide et glissant a nécessité d’arrimer la pelle-araignée à l’aide de deux treuils. Des palissades ont également dû être installées pour sécuriser la vallée lors des travaux d’excavation. Le contremaître  Leander Stieler a été confronté à un défi de taille: l’étendue du chantier. Deux à trois groupes de personnes et leurs machines intervenaient en effet toujours à différents endroits. Qui plus est, le contremaître devait planifier avec précision les besoins en matériaux. «Le chantier d’Oberstafel est accessible après 20 minutes de marche. Le matériel doit donc être hélitreuillé, ce qui nécessite de bonnes conditions météorologiques», indique Franc Tresch. La pelle mécanique sur chenilles a même dû être démontée pour le transport. Au moins, les ouvriers n’ont pas dû dormir sur place. Franc Tresch détaille: «En altitude, on a besoin de machinistes expérimentés qui ne craignent pas d’évoluer sur des terrains escarpés.»

 

Un autre défi consiste à ne pouvoir construire que pendant la saison chaude, même si cette dernière réserve aussi son lot d’imprévus. Par temps humide, le travail doit être interrompu car les machines de chantier risqueraient de compacter le terrain. De plus, durant les mois de juin et de juillet, les travaux ont été suspendus pour protéger le tétras lyre.  

En plus de réaliser le nouveau sentier, Linth STZ a également réaménagé – par lune ascendante, comme il se doit – la source d’eau située à environ 500 mètres du Mittelstafel. Les trois terrasses ont pu être dotées de nouvelles conduites. L’eau destinée à l’Oberstafel est pompée à l’aide d’un bélier depuis l’Unterstafel. Un bélier? Oui, un bélier hydraulique est une pompe à eau mécanique, qui fonctionne uniquement grâce à l’énergie de l’eau et qui la propulse jusqu’à une hauteur plus élevée sans aucune énergie extérieure. 

 

Les travaux ont débuté à l’été 2024 et devraient s’achever cette année avant les premières neiges. «Le temps a été très humide cet été, ce qui nous a empêchés de travailler. Je reste néanmoins confiant, nous y parviendrons», affirme Franc Tresch. 

A propos de l'auteur

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Susanna Vanek

Rédactrice

susanna.vanek@baumeister.ch

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