Grandes disparités communales dans la gestion des zones à bâtir

Pour leur aménagement du territoire, les communes doivent disposer de suffisamment de zone à bâtir au vu de l’évolution de la population sur les quinze prochaines années. À l’inverse, les zones à bâtir disponibles qui ne sont pas amenées à être utilisées doivent être reclassées.

Dans 450 des plus de 2000 communes que compte la Suisse, au moins 20 % de la zone à bâtir demeure non construite. Avec 68 % de surface inutilisée, c’est la commune valaisanne d’Ergisch qui est en tête du classement en chiffres relatifs. Ergisch se situe certes en montagne mais sa topographie n’empêche pas d’exploiter les zones à bâtir, d’autant que les communes sont invitées à ne considérer comme telles que les zones réellement constructibles et raccordées. En queue de peloton se trouvent les communes de Zuzwil (BE), Fahrni, Heiligenschwendi, Innerthal, Kammersrohr et Linescio, qui ne disposent d’aucunes réserves.

En Suisse, c’est dans les villes et les agglomérations que la croissance est la plus intense. Et au sujet de Zurich, ville très prisée, l’on entend souvent parler de saturation. Mais c’est un mythe. La ville de Zurich dispose d’encore 288 hectares de zone à bâtir non construite, ce qui fait d’elle la commune dotée du plus de réserves en surface absolue.

En deuxième place se trouve Winterthour, avec 235 hectares à disposition. Genève est quant à elle cinquième. Or ce n’est pas par manque de demande que les zones à bâtir de ces villes ne sont pas utilisées pour des habitations ou de l’activité économique. Ce sont plutôt la hausse du nombre d’oppositions, la longueur des procédures d’autorisation, la complexité juridique croissante, le nombre d’exigences de contenu imposées aux projets de construction, le niveau élevé des coûts de construction ou encore l’attentisme spéculatif, motivé par l’espoir que la valeur du terrain augmente à l’avenir.

Il n’est pas rare que des villes où la population croît rapidement et où les loyers augmentent fortement disposent de vastes zones à bâtir non utilisées. La sphère politique doit mettre en place des incitations pour que des logements puissent être construits sur ces surfaces. Pour que ces logements soient rapidement disponibles, il faut des permis de construire plus rapides, une réduction à l’essentiel des procédures d’opposition et une meilleure perméabilité et mixité entre zones de travail et zones d’habitation.

Les communes en vert disposent encore d’une très grande surface à bâtir non construite. Les communes en rouge n’ont en revanche que peu (ou pas) de réserves.

À en croire les nouvelles, on pourrait croire que la Suisse se développe partout. Faux. Près de 400 communes ont réduit leur zone à bâtir durant les 10 dernières années.

L’une des principales raisons est que les communes doivent déterminer leurs zones à bâtir en fonction de l’évolution de la population au cours des 15 prochaines années. Celles qui ont classé trop de surface en zone à bâtir doivent revoir leur copie. Les localités isolées et les régions touristiques concernées par l’initiative sur les résidences secondaires pourraient donc être contraintes de réduire la taille de leur zone à bâtir. Inversement, les villes de Berne, Kreuzlingen, Genève, Saint-Gall et Schaffhouse ont chacune nouvellement créé entre 150 et 250 hectares de zone à bâtir.