«La concurrence extérieure n’est pas appréciée» lundi, 24.3.2025 | 06:00 ... Société Suisse des Entrepreneurs Actualités «La concurrence extérieure n’est pas appréciée» Doris Kälin, présidente de la SSE Schwytz, et Gian Nauli, directeur de la SSE Thurgovie, parlent des défis, des particularités et des opportunités de la construction à la campagne et en ville. Quelles sont les différences marquantes entre la construction à la campagne et la construction en ville?D. Kälin: L’espace disponible fait certainement une grande différence. Il y a plus de surfaces libres pour la construction à la campagne. En ville, les prescriptions concernant la hauteur et la densité des bâtiments sont également nettement plus strictes. Autre différence importante: à la campagne, les processus de construction sont généralement plus simples.G. Nauli: J’entends souvent dire par nos membres que construire en ville est plus compliqué qu’à la campagne. Souvent, les projets de construction sont plus coûteux et plus complexes à réaliser que ceux établis en milieu rural. On peut prendre comme exemple le Circle à l’aéroport de Zurich. À la campagne, j’apprécie la rapidité et la simplicité avec lesquelles on peut joindre les responsables sur un chantier. Les voies de communication sont plus courtes qu’en ville, où il n’est pas rare que trois à quatre appels téléphoniques soient nécessaires pour joindre les personnes compétentes.Comment se présente la situation concernant le personnel? Trouvez-vous suffisamment d’apprentis?G. Nauli: Que ce soit en ville ou à la campagne, trouver des apprentis est un défi constant. Ce qui me frappe, c’est que les apprentis ayant de bonnes notes sont souvent originaires de régions rurales reculées. C’est peut-être parce qu’ils sont plus habiles de leurs mains, savent manier un marteau et ont déjà aidé des agriculteurs.D. Kälin: La recherche d’apprentis n’est pas simple, mais elle est nettement plus difficile en ville, car les jeunes y optent plutôt pour une carrière commerciale ou commencent des études universitaires.Une fois leur apprentissage à la campagne terminé, les apprentis sont-ils attirés par des entreprises urbaines offrant des salaires plus élevés?D. Kälin: Non. La plupart des jeunes professionnels de la construction restent à la campagne après avoir terminé leur apprentissage. Rien que la longue distance à parcourir tous les jours pour se rendre sur son lieu de travail puis pour retourner à la maison est dissuasive.G. Nauli: Je suis d’accord. Les personnes qui effectuent leur formation à la campagne y restent généralement une fois qu’elles sont diplômées.Qu’est-ce qui distingue le secteur de la construction dans vos cantons?G. Nauli: La construction est l’un des secteurs les plus importants du canton de Thurgovie. Elle offre énormément d’emplois pour des salaires élevés. Nos entreprises de construction forment des jeunes tout en offrant de précieux postes à une main-d’œuvre peu qualifiée. Par ailleurs, l’ancrage régional est essentiel, et la concurrence extérieure au canton n’est pas appréciée.D. Kälin: Les entreprises du canton de Schwytz compte généralement entre 20 et 40 employés. Beaucoup d’entre elles sont des entreprises familiales traditionnelles depuis plusieurs générations. Les entrepreneurs se connaissent et sont enracinés dans le canton. Ils s’engagent donc également dans la vie associative. À la campagne, lorsqu’une fête doit être organisée ou qu’un président de comité d’organisation est recherché, on ne peut généralement pas se passer des entrepreneurs.Quelles prestations les entrepreneurs proposent-ils principalement à la campagne?D. Kälin: Les entreprises de construction classiques se concentrent sur le bâtiment et les travaux de rénovation. Beaucoup réalisent également des travaux d’établissement de conduites et de canalisations, ainsi que divers petits travaux de génie civil et d’aménagement extérieur. L’activité de construction en milieu rural est diversifiée, offrant un contact permanent avec de nouveaux maîtres d’ouvrage et des défis architecturaux.De nombreux projets de construction subissent des retards à cause d’oppositions. Comment se présente la situation en milieu rural?G. Nauli: Les oppositions sont un moyen juridique légitime, mais l’ensemble du processus jusqu’à l’obtention de l’autorisation et au début des travaux prend beaucoup trop de temps, est peu transparent et compliqué. Il est tout de même inadmissible qu’un seul individu puisse s’opposer à un projet de construction pendant des années et ainsi le bloquer.D. Kälin: C’est la même chose pour nous, en milieu rural. C’est pénible. Il n’y a pas de permis de construire sans opposition. Nous sommes confrontés à ce problème autant que la ville.Les carnets de commandes des cantons ruraux sont souvent moins bien remplis que ceux des villes. Comment le ressentez-vous?D. Kälin: À cet égard, je ne peux dire que du positif. Dans le canton de Schwytz, le carnet de commandes est bien rempli. Nous enregistrons une croissance presque partout, que ce soit en termes de chiffre d’affaires global, de nombre d’employés ou de places d’apprentissage. En outre, il existe dans le canton de grands projets intéressants, et des raccordements autoroutiers sont prévus. Dans le domaine du bâtiment aussi, des projets sont en cours, à savoir la construction de nouveaux bâtiments administratifs ou la rénovation d’édifices.G. Nauli: C’est moins le cas en Thurgovie. Les projets qui ne sont pas urgents sont plutôt repoussés par souci d’économie. Nos entrepreneurs en ressentent clairement les conséquences, car leurs carnets de commandes sont moins bien remplis.Doris Kälin, vous avez fondé la société Sepp Kälin AG avec votre mari et travaillez dans le secteur de la construction depuis de nombreuses années. En quoi le secteur a-t-il changé?Il est stupéfiant de voir à quel point le secteur de la construction a évolué au cours des dernières décennies. Je peux vous donner un exemple avec notre maison individuelle: lors de la construction, il était important pour nous d’avoir un bâtiment solide du point de vue de la maçonnerie. Les objectifs ont toutefois changé lors des transformations ultérieures. La consommation d’énergie a soudain joué un rôle important, des panneaux solaires ont été installés sur le toit. Les nouvelles constructions actuelles doivent être durables et respectueuses du climat. La durée des travaux a elle aussi changé. Aujourd’hui, une construction doit avancer à un rythme beaucoup plus rapide qu’autrefois. La pression est devenue extrême sur les chantiers. Et comme je l’ai dit, sans recours à des juristes, il est presque impossible de construire sans qu’il y ait d’emblée des oppositions.Quels sont vos souhaits pour le secteur principal de la construction ces prochaines années?G. Nauli: Je souhaite plus de sécurité juridique en ce qui concerne les oppositions, ce qui signifie des processus plus clairs, plus rapides et plus simples à l’avenir, car il y a trop de temps morts. En d’autres termes: une fois le permis de construire obtenu, les travaux de construction doivent pouvoir commencer et personne ne doit pouvoir venir faire opposition.D. Kälin: En matière d’offres, la règle suivante s’applique depuis des années: celui qui fait l’offre la moins chère obtient le mandat. Dans ce domaine, les entrepreneurs devraient à nouveau privilégier la qualité plutôt que les prix les plus bas. «Des prix cassés pour une qualité optimale», cela ne peut pas fonctionner sur le long terme dans le secteur principal de la construction. Auteur: Werner Schüepp ©SSE/Mario Sülz ©SSE/Mario Sülz Portraits Doris Kälin a dirigé le secteur commercial et les ressources humaines de Sepp Kälin AG à Einsiedeln. En 2019, elle a été la première femme à être élue présidente de la Société des entrepreneurs de Schwytz dans toute la Suisse. Gian Nauli est directeur de la Société des entrepreneurs de Thurgovie. A propos de l'auteur Schweizerischer Baumeisterverband [email protected] Partager l'article
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