Gian-Luca Lardi, René Leutwyler

«Message reçu 5 / 5 à Berne»

Le rapport annuel de la SSE n'est pas seulement une rétrospective sur une année 2020 marquée par la crise sanitaire, mais il jette également un regard sur des sujets d’avenir.

 

Dans l'interview, le président central de la SSE, Gian-Luca Lardi, et René Leutwyler, membre du Comité central, reviennent sur le rôle fondamental du secteur suisse de la construction pendant le confinement pour pérenniser l’emploi et sur l’engagement de l’association à tous les niveaux fédéraux.

 

La crise sanitaire a donné un coup de frein à la construction comme aux autres secteurs. Quelle est la situation? Gian-Luca Lardi: C’est la première vague qui nous a le plus durement frappés, parce que nous avons dû planifier et mettre en place de nouvelles mesures de protection en un temps record. Malgré tout, force est de constater que la branche de la construction s’en est tirée à bon compte par rapport à d’autres. En dépit d’un surcroît de charges, la construction se porte bien; il ne faut pas oublier que d’autres secteurs se battent encore pour survivre, un an après le début de la pandémie. René Leutwyler: En Suisse romande, nous enregistrons un recul sensible dans le domaine des bâtiments industriels et de bureaux. Les fermetures d’hôtels et de restaurants auront également des répercussions. La COVID-19 a pesé sur le moral du personnel des chantiers, obligé de réfréner sa sociabilité naturelle. Les règles de distanciation actuelles ont un effet dommageable.

 

La crise sanitaire a mis en lumière l’importance du secteur de la construction pour l’ensemble de l’économie. Cela changera-t-il la perception de ses intérêts par Berne? René Leutwyler: Le secteur de la construction représente 10 % du PIB et 8 % des emplois, ce qui est loin d’être négligeable. Lors de la première vague, certains cantons ont été contraints d’interrompre des chantiers. En Suisse romande, les arrêts ont été essentiellement provoqués par la fermeture de la frontière avec la France, ce qui a engendré une pénurie de main d’oeuvre et nous a privés, en partie, de matériaux et d’accès aux décharges. Gian-Luca Lardi: Pendant le confinement et la deuxième vague, le secteur de la construction a contribué de manière significative à limiter les dégâts. Il représente un pilier central de l’économie, notamment dans les zones rurales où chaque emploi compte. On le voit avec régularité et clarté dans les débats politiques. Avec son plan en cinq points, la SSE ne demande pas l’aumône. Elle propose au contraire une solution pour atténuer la récession: accélérer la réalisation de constructions et d’infrastructures. Le message a été reçu 5 / 5 à Berne.

 

La collaboration entre les sections et les maîtres d’ouvrage est indispensable. Comment la jugez-vous? René Leutwyler: La collaboration se passe bien. Les gouvernements sont à l’écoute du secteur de la construction, mais il leur faut également faire face à certains problèmes plus importants qui frappent d’autres acteurs de l’économie. Gian-Luca Lardi: La collaboration entre nos organes nationaux, le secrétariat et les sections s’est toujours bien déroulée; la crise a même resserré les liens. Le secrétariat et les sections se félicitent de l’organisation fédérale de la SSE, un véritable atout qui lui permet de s’affirmer jusqu’au niveau can-tonal. Toutes les associations n’ont pas cette chance.

 

La hausse de la pondération des critères qualitatifs prévue par la loi révisée sur les marchés pu-blics (LMP) permettra-t-elle de mettre enfin un terme à la spirale infernale de la baisse des prix qui sévit depuis plusieurs années dans le secteur de la construction? René Leutwyler: La qualité est sans aucun doute un levier souhaitable pour sortir de cette spirale. Gian-Luca Lardi: Nous avons oeuvré des années à la réalisation de cet objectif stratégique. Toute-fois, il faudra du temps pour le mettre en oeuvre et opérer le nécessaire changement culturel qui doit l’accompagner. Il est donc crucial que ceux, parmi de nos membres, qui ne seront pas retenus dans le cadre d’un marché passé sur la base des nou¬veaux critères fassent preuve de modération dans le dépôt d’un éventuel recours.

 

2021 sera-t-elle une année d’opportunités ou de défis? René Leutwyler: Le recul du volume des constructions constituera sans nul doute un défi et pèsera sur les prix, par rapport à la qualité qui coûte forcément un peu plus cher. Pour trouver des clients, certains baisseront leurs tarifs. La loi révisée sur les marchés publics (LMP) et ses nouveaux critères sont aussi un défi qu’il nous faudra relever si l’on veut saisir les opportunités qu’elle offre par ailleurs. Gian-Luca Lardi: L’impact de la récession sur le marché immobilier est indéniable, mais ne saurait être quantifié à l’heure actuelle. Dans les zones urbaines, la reconversion des surfaces de bureau et de vente, ainsi que la densification seront des thèmes importants. La loi sur le CO² nous permettra de générer du volume par le biais des constructions de remplacement. Le besoin de rattrapage mani-feste dans le domaine du gé¬nie civil et des infrastructures compensera une partie des pertes réalisées dans le bâtiment, une opportu¬nité qu’il nous appartient de ne pas laisser passer.

 

Vers la version PDF du rapport annuel de la SSE

A propos de l'auteur

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Susanna Vanek

Rédactrice / Spécialiste en communication

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