Obligation d’annoncer les postes vacants : inutile pour le secteur de la construction Les offres d’emploi dans un groupe professionnel affichant un taux de chômage supérieur à 5 % doivent être déclarées aux ORP. Pour le secteur de la construction, l’obligation d’annonce s’avère toutefois un obstacle. mercredi, 14.9.2022 | 07:00 ... Société Suisse des Entrepreneurs Entrepreneur 5.0 Conjoncture et statistiques Faits et chiffres Obligation d’annoncer les postes vacants : inutile pour le secteur de la construction Utilisez l’illustration ci-dessous pour naviguer dans le temps. Cliquez sur les chiffres. 1 1 2 2 3 3 4 4 1. Obligation d’annoncer les postes vacants : trois fois plus d’actifs concernés Ces trois dernières années, la Suisse comptait entre 5,1 et 5,2 millions d’actifs. En 2020, le principe était que si un groupe professionnel affichait un taux de chômage supérieur à 8 %, toutes les offres d’emploi correspondantes devaient être signalées à l’ORP (Office régional de placement). Ce n’est que cinq jours plus tard que l’entreprise est autorisée à rechercher elle-même du personnel par d’autres canaux. Toutefois, à partir de 2021, le seuil a été abaissé de 8 % à 5 %, ce qui a considérablement augmenté le nombre de professions soumises à déclaration. La part d’actifs concernés a plus que doublé, passant de 5,2 % (270 000 personnes) en 2020 à 12 % en 2021. Un an plus tard, cette proportion a encore augmenté pour atteindre 15,8 % (825 000 personnes) – et ce, malgré la vigueur de l’économie suisse en 2022 et un taux de chômage bas. Comment expliquer cette contradiction ? En rappelant l’obligation d’annonce : le seuil de 5 % est en effet basé sur le taux de chômage de l’année précédente. Elle a augmenté dans de nombreuses professions en 2021, raison pour laquelle de nombreuses professions sont désormais soumises à l’obligation d’annonce en 2022, bien que de très nombreuses entreprises cherchent désespérément de la main-d’œuvre. × 2. L’obligation d’annoncer les postes vacants réduit la transparence Pour trouver du personnel, les entreprises peuvent recourir à des canaux formels (annonces en ligne ou dans les journaux, ORP, agences de recrutement, etc.) et informels. Les canaux informels comprennent les contacts des employés, des partenaires commerciaux et des clients, les demandes ciblées via les réseaux sociaux (par ex. LinkedIn) ainsi que les demandes internes, les affiches et l’intranet. L’obligation d’annoncer les emplois vacants vise à accroître les chances des demandeurs d’emploi de trouver un emploi. Les canaux formels devaient donc gagner en importance. Or, c’est exactement le contraire qui s’est produit, du moins pour les professions de l’industrie et de la construction. Avant l’introduction de l’obligation d’annonce, 45 % des entreprises de l’industrie et de la construction misaient exclusivement sur des canaux informels pour pourvoir les postes qui allaient par la suite être soumis à l’obligation d’annonce. En 2021, alors que l’obligation d’annonce était déjà en vigueur, la part est passée de 45 % à 60 %. Cela montre que les entreprises de l’industrie et de la construction doivent pouvoir recruter du personnel de manière flexible, rapide et simple, en raison notamment du travail saisonnier et des aléas des conditions météorologiques. Le détour par l’ORP est trop compliqué et trop lent. C’est pourquoi un nombre nettement plus important d’entreprises recourent à des canaux informels et ne sont plus tenues d’annoncer les postes vacants à l’ORP. L’obligation d’annonce a donc eu l’effet contraire de ce qui était visé, en rendant plus difficile pour les chômeurs la recherche d’un emploi dans le secteur de la construction. × 3. Dans quelle mesure les ORP prennent-ils au sérieux l’obligation d’annoncer les postes vacants ? L’obligation d’annonce vise à permettre aux entreprises de trouver rapidement un ouvrier national pour les postes qu’elles ont publiés. Le taux de proposition (pourcentage de postes pour lesquels l’ORP propose au moins une candidature à l’entreprise) devrait donc être proche de 100 %. Dans la pratique, cependant, le taux de proposition varie entre 3 % et 86 % selon les cantons. Dans 15 des 26 cantons, les ORP ne proposent même pas à 50 % une seule candidature. L’une des causes pourrait être tout simplement le peu d’emplois dans certaines professions dans le canton concerné. Il est aussi possible de supposer que certains ORP s’impliquent davantage que d’autres. En fin de compte, ce n’est pas le taux de proposition qui est décisif, mais surtout le taux de placement. Le taux de placement correspond à la part de postes pour lesquels les ORP ont proposé un candidat qui a finalement été embauché. Le taux de placement est de 8,3 % dans les cinq cantons les plus performants et de 1,2 % seulement dans les cinq cantons les moins performants. En d’autres termes, il y a 7 fois plus de probabilité que les ORP placent avec succès une candidate ou un candidat dans les meilleurs cantons que dans les cantons les moins performants. Il est donc légitime de se demander s’il faut compter sur l’obligation d’annonce pour pourvoir les postes vacants. Selon le canton, la réponse est négative. Les demandeurs d’emploi et les entreprises gagneraient à ce que l’obligation d’annonce concerne moins de groupes professionnels. × 4. Une faible chance de réussir un placement dans les métiers de la construction Le taux de placements réussis dans tous les groupes professionnels soumis à l’obligation d’annoncer les postes vacants se situe entre 1,2 % et 8,3 % selon les cantons. Mais quelles sont les chances de succès pour les différentes catégories professionnelles ? Aucune donnée précise n’étant disponible, l’Institut d’études économiques de Bâle a dû estimer le taux de placement par profession. Pour le secteur de la construction, les perspectives sont décevantes. Pour les postes de constructeur en béton, de cimenteur, d’autres professions du secteur principal de la construction, de plâtrier ou de spécialiste en isolation, la probabilité d’un placement réussi n’est que de 1,5 % à 2 %. Face à ces perspectives de succès extrêmement faibles, les entreprises de construction déplorent à juste titre la lourde charge qu’implique l’annonce d’un poste à l’ORP. × A propos de l'auteur Luiza Maria Maniera [email protected] Partager l'article
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