Pénurie de main-d’œuvre qualifiée – activité de construction plus élevée à l’avenir, mais croissance plus lente attendue

La SSE a fait réaliser une étude sur la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur principal de la construction. La demande de main-d’œuvre qualifiée est déterminée par l’activité de construction prévue. L’activité de construction dépend quant à elle de différents facteurs tels que la croissance démographique, la répartition par âge et les préférences en matière de logement des différentes cohortes, le nombre de ménages d’une personne, la capacité d’épargne, etc. La croissance démographique est toutefois le principal facteur d’influence pour la plupart des secteurs.

Depuis 1860, la Suisse a connu plusieurs poussées de croissance. Le pic précédent a été enregistré entre 1960 et 1969. Au cours de cette décennie, la population a augmenté de 1,5 % par an. Plus récemment, la Suisse a connu une croissance de 1 % par an entre 2010 et 2019.

Selon les prévisions de l’Office fédéral de la statistique, il se pourrait qu’on ait atteint, voire dépassé le point de culmination. L’Office de la statistique définit trois scénarios prévisionnels. D’ici 2040, la croissance devrait ralentir à 0,8 % par an (selon le scénario haut) ou à 0,4 % (scénario de référence moyen). Dans le scénario bas le plus improbable, la croissance de la population s’arrêterait presque d’ici 2040. Après cette période, la population pourrait même diminuer.

Le principal moteur de croissance de l’activité de construction en Suisse devrait ralentir. Si l’activité de construction, corrigée de l’évolution des prix, a progressé de 2 % par an au cours des deux dernières décennies, l’étude de la SSE prévoit une croissance de 0,4 % à 0,6 % par an au cours des deux prochaines décennies.

Ces chiffres désignent les taux de croissance moyens à long terme. Ils s’apparentent à une tendance, une trajectoire à long terme. À court terme, en revanche, la croissance peut augmenter beaucoup plus fortement ou même diminuer. On parle alors symboliquement de fluctuations conjoncturelles autour de la trajectoire de croissance. Cette croissance à court terme n’a pas été prévue dans l’étude.

D’ici 2040, le chiffre d’affaires annuel devrait atteindre 23,3 milliards de francs (scénario moyen) ou 24,5 milliards de francs (scénario élevé). Cette prévision de chiffre d’affaires est corrigée des prix, c’est-à-dire que l’activité de construction est mesurée en prix fixes de 2020. Tout renchérissement, par exemple des matériaux de construction, n’est naturellement pas inclus dans la prévision afin de garantir la comparabilité autour de la longue période.

L’immigration et l’augmentation du nombre de ménages d’une personne font progresser la demande de logements. En plus de la taille même des cohortes d’âges (générations), l’étude a également pris en compte leurs préférences spécifiques en matière de logement.

La construction de logements est, quant à elle, un moteur décisif pour le génie civil privé, car ce secteur comprend notamment l’excavation pour les immeubles collectifs. Étant donné que la population suisse devrait croître plus lentement à l’avenir, mais vieillir beaucoup plus rapidement, il faut s’attendre à une croissance économique globale plus faible. Cela pèse sur les perspectives du secteur de la construction économique.

En Suisse, l’âge moyen va fortement augmenter et l’espérance de vie s’allonger. Mais d’un point de vue économique, ces évolutions signifient également que les citoyens auront moins d’argent pour épargner: d’une part, un salarié doit soutenir financièrement de plus en plus de retraités par le biais de l’AVS, d’autre part, les coûts de santé augmentent de manière exponentielle, notamment au cours des dernières années de vie.

En fin de compte, tout cela signifie moins d’épargne, et moins d’épargne signifie moins d’investissement, d’un point de vue économique global. En d’autres termes, il faut s’attendre à ce que la politique doive dépenser plus d’argent pour le social et la santé et qu’elle mette donc moins d’argent à disposition pour d’autres investissements. La construction de bâtiments publics et le génie civil public laissent donc présager des taux de croissance nettement plus faibles à l’avenir.

Selon les prévisions de l’Office fédéral de la statistique, la population ne va pas croître de la même manière dans toutes les régions de Suisse. Selon les régions, la population va croître plus ou moins vite et la proportion de jeunes ou de personnes âgées évoluera également différemment.

En Suisse romande et en Suisse orientale, ces évolutions devraient plutôt se traduire par une activité de construction légèrement affectée au cours de la décennie actuelle, avant que la tendance ne s’inverse entre 2030 et 2039. Dans les autres régions de Suisse, on peut en revanche s’attendre à une croissance du chiffre d’affaires plus forte jusqu’en 2029 que dans la décennie suivante.

Les membres de la SSE peuvent télécharger l’étude sur la main-d’œuvre qualifiée ou son résumé dans la boutique de la SSE.