«Nous considérons la modernisation comme une interaction entre propriétaires, spécialistes techniques et conseillers bancaires.»

Pour atteindre les objectifs climatiques de la Confédération, il est urgent de moderniser le parc immobilier vieillissant. Le taux de modernisation, qui n’atteint pas tout à fait un pour cent, est cependant très faible depuis des années. Comment expliquer cet écart ?

Les raisons du faible taux de modernisation varient selon le type de bâtiment : pour les propriétés par étages, les fonds de rénovation sont souvent trop bas alors que pour les maisons individuelles, ce sont les investissements initiaux élevés, par exemple lors du passage aux énergies renouvelables, qui posent problème. De plus, les informations concernant les interlocuteurs, les mesures d’encouragement et la procédure adéquate font souvent défaut.

La modernisation entreprise par un propriétaire immobilier est-elle aussi une question de génération ?

Pas forcément. Les résultats de notre enquête «Baromètre des clients énergies renouvelables», que nous menons chaque année depuis 2012 avec la Haute école de Saint-Gall et SuisseEnergie, montrent que les personnes âgées sont tout à fait prêtes à mettre en œuvre des mesures de modernisation. Outre le développement durable et l’efficacité énergétique, des thèmes tels que la capacité financière des personnes âgées, l’accessibilité des logements ou les questions de vente ou de transmission au sein de la famille sont également importants. En revanche, la hausse des prix de l’immobilier chez les jeunes acheteurs oblige de plus en plus les jeunes à aller à la limite du supportable en matière de financement. Il ne reste donc plus que peu de marge de manœuvre pour des investissements supplémentaires.

Quelles mesures sont nécessaires pour stimuler la mise en œuvre de mesures de modernisation ?

Les subventions sont certes appréciées, mais selon notre expérience, elles ne sont pas le facteur principal. Dans le cadre du conseil au quotidien, nous constatons que les propriétaires immobiliers manquent souvent d’un plan de modernisation à long terme qui leur permettrait de faire des choix ciblés et judicieux. Un tel plan est important afin d’éviter l’accumulation de rénovations, d’identifier les investissements nécessaires et d’élaborer des solutions individuelles en amont, et ce tant au niveau de la construction qu’au niveau financier.

En proposant un outil d’analyse, de planification et de calcul des coûts des mesures d’assainissement, Raiffeisen a intégré l’évaluation énergétique des biens immobiliers dans son conseil financier dès 2015. Pourquoi Raiffeisen accorde-t-elle autant d’importance à la modernisation du parc immobilier suisse ?

Raiffeisen soutient l’objectif climatique «zéro émission nette» de la Confédération. En montrant à nos clientes et clients comment rendre leurs biens immobiliers plus respectueux du climat, nous contribuons à cet objectif. De façon générale, je suis convaincu que les banques peuvent devenir des précurseurs en matière de rénovation durable grâce aux outils numériques, à leurs réseaux de partenaires et à un conseil global.

Leurs prestations prévoient de jeter un pont entre la planification purement financière et les spécialistes de l’énergie et de la construction. Cette approche globale est-elle efficace ?

Oui. L’intérêt de nos clientes et clients est grand, et les entretiens de conseil se multiplient. Nous considérons la modernisation comme une interaction entre propriétaires, spécialistes techniques et conseillers bancaires. Notre expérience montre que cette approche est souvent prometteuse avec la participation du réseau local.

Vos services s’adressent-ils exclusivement aux propriétaires qui occupent leur bien immobilier ? Ou également à ceux qui louent des biens ?

En tant que leader suisse du financement hypothécaire, nous proposons nos services aux propriétaires de maisons individuelles et de propriétés par étages, ainsi qu’aux propriétaires d’immeubles de rendement privés.

Pour les immeubles de rendement en particulier, les nouvelles constructions de remplacement permettent de mieux utiliser la surface d’habitat limitée, en plus d’augmenter l’efficience et de réduire les émissions. Outre la rénovation de bâtiments existants, cette approche de modernisation fait-elle partie de votre activité de conseil ?

Nous avons les deux approches en tête, d’autant que chaque terrain et chaque objet est unique, tout comme les besoins des propriétaires. En principe, nous voulons contribuer à l’augmentation du taux de modernisation en Suisse grâce à un processus de conseil global, que ce soit par le remplacement du chauffage ou par des mesures d’isolation thermique dans les bâtiments existants, ou encore par des nouvelles constructions plus efficaces sur le plan énergétique.

Les nouvelles constructions de remplacement et le potentiel de densification correspondant sont-ils pertinents pour les propriétaires de maisons individuelles également ?

Tout à fait. La densification est désormais sur toutes les lèvres et, avec elle, les nouvelles constructions de remplacement. Nous constatons par ailleurs que l’économie circulaire est un sujet qui gagne en importance en raison de la discussion actuelle sur les ressources. Nous venons justement de terminer un projet InnoSuisse avec la Haute école spécialisée bernoise sur le potentiel de densification des immeubles. L’objectif est de montrer aux propriétaires ce qu’il est possible de faire sur leur terrain.

Comment Raiffeisen gère-t-elle la modernisation de ses propres immeubles ?

Le parc immobilier du groupe Raiffeisen compte plus de 820 sites gérés par les banques Raiffeisen autonomes respectives. Nous sommes fixé pour objectif d’économiser 30 % des émissions de CO₂ à l’échelle du groupe d’ici 2020. Nous avons même réussi à dépasser cet objectif, notamment grâce à des mesures de modernisation du parc immobilier.

Pensez-vous que la modernisation du parc immobilier suisse a démarré de façon à permettre l’atteinte des objectifs climatiques ?

Oui. Le sujet a fait son chemin dans la société. L’objectif est facile à comprendre pour la population, qui est de plus en plus sensible à cet enjeu. C’est pourquoi je suis confiant quant à une augmentation significative du taux de modernisation.

Interview: Beat Matter