Une résistance à toute épreuve

Le 27 juin dernier à Ecublens, plus de 600 personnes ont participé à la Journée de la construction, événement annuel de la Société Suisse des Entrepreneurs qui rassemble les professionnels du secteur, mais aussi des représentants des pouvoirs publics et de la sphère politique ainsi que des maîtres d’ouvrage. Il y a principalement été question de l’importance et de la résilience de la construction en temps de crise.

La construction s’y connait en crise, et elle le montre depuis des décennies, indépendamment des aléas conjoncturels de court ou moyen termes, à l’instar de cette résilience affichée pendant la pandémie de Covid-19. Elle soutient donc l’ensemble de l’économie. Le secteur a également démontré son efficacité lors de catastrophes naturelles, comme lors de la reconstruction rapide de l’A13 dans le Val Mesolcina, endommagée par les intempéries en 2024. Cette prouesse avait suscité l’admiration même au-delà de nos frontières. «La construction s’y connait en crise», tel était le thème de l’événement phare de la branche.

Parmi les problèmes déjà identifiés par beaucoup comme «crise» à l’échelle nationale, la situation sur le marché du logement a notamment été abordée par Gian-Luca Lardi, président central de la SSE. Il a déploré que trop peu de logements puissent être construits. Et la cause du problème est bien connue: «Depuis de nombreuses années, la SSE s’engage pour une accélération des procédures de planification et d’autorisation, des questions qu’il est urgent de régler. Certaines autorités ont déjà fait un premier pas important dans cette direction: renforcement des effectifs, création de procédures d’annonce pour les projets de construction, ou encore numérisation des procédures d’autorisation. Mais il faut aller beaucoup plus loin pour que les effets se fassent ressentir. Les plus gros obstacles sont constitués par les oppositions et recours déposés à des fins purement procédurières. Qu’il s’agisse de logements ou d’infrastructures, il faut en finir avec ces oppositions abusives qui ne visent qu’à contrecarrer les projets de construction. Les oppositions doivent se limiter à la défense des intérêts individuels dignes de protection. Et surtout, il convient de garantir juridiquement qu’un fait donné ne puisse être invoqué qu’une seule fois, et non pas à l’envi.»

Pour que le secteur de la construction reste flexible et performant même en période de crise, il faut des conditions-cadres fiables, des procédures équitables et une politique qui mise sur l’agilité plutôt que sur la bureaucratie. Gian-Luca Lardi a aussi souligné l’importance d’une concurrence avec des règles claires et une tolérance zéro pour l’arbitraire. Il a rappelé la nécessité d’adapter le droit de la concurrence. En cas de soupçons d’infractions, l’autorité de la concurrence devrait également examiner des critères quantitatifs et prouver le préjudice pour le marché. «Nous voulons ainsi garantir que les infractions au droit des cartels soient sanctionnées, tout en protégeant les acteurs honnêtes du marché contre l’arbitraire administratif», a-t-il déclaré.

Le secteur de la construction reste un employeur incontournable mais les entreprises doivent pouvoir être plus pragmatiques que formalistes et le partenariat social doit être fiable.

Dérèglement climatique: le rôle majeur de la construction

Isabelle Moret, conseillère d’État vaudoise à la tête de l’économie, de l’innovation, de l’emploi et du patrimoine, a quant à elle mis l’accent sur un autre élément: le rôle clé joué par le secteur de la construction en matière environnementale. À titre d’exemple, elle a cité l’importance des nouveaux matériaux de construction, développés notamment par l’EPFL – sur le site de laquelle était d’ailleurs organisée la Journée de la construction.

Le colonel Sébastien Neuhaus, commandant du bataillon d’intervention d’aide en cas de catastrophe, a salué l’excellente collaboration avec les entrepreneurs en cas de catastrophes naturelles. Il est à ses yeux essentiel de garder la tête froide en cas de crise. On entend souvent que les jeunes ne sont pas fiables, mais ses expériences prouvent le contraire. Il a ainsi pu sauver onze vies avec sa jeune équipe lors d’une mission en Turquie à la suite d’un violent séisme. Christian Constantin a pour sa part présenté le projet Cervin Coliseum, une nouvelle enceinte multifonctionnelle pour le FC Sion. Il a également regretté la multiplication des réglementations et les faibles marges. «La construction est aussi une lutte», estime-t-il.

Des crises salutaires

Michel Ducommun, président de la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE), a débuté son allocution de bienvenue par une citation de Winston Churchill: «Ne jamais gaspiller une bonne crise». Les entrepreneurs ont dans leur ADN cette capacité à relever des défis, mais Michel Ducommun a souligné que cela nécessitait une liberté entrepreneuriale, laquelle a besoin de moins de bureaucratie et de conditions-cadres stables.

Le matin même, l’Assemblée générale de la SSE avait adopté les nouveaux statuts de l’association.

D’autres informations sur la Journée de la construction sont disponibles ici et ici.