Les villes sont les moteurs qui font avancer la construction

D’un point de vue statistique, la densité par pièce, c’est-à-dire le nombre moyen de personnes par pièce, était de 0,615 personne en 2017 et de 0,607 personne en 2021. Apparemment insignifiante, cette baisse de 1,4% peut ne pas sembler alarmante, mais elle signifie que les Suisses ne densifient pas (suffisamment), condition pourtant nécessaire pour éviter le mitage avec l’augmentation de la population. La densité par pièce a diminué dans 100 des 170 villes étudiées. Elle n’a augmenté que dans seulement 5,3% des villes et est restée constante dans les autres villes. Les villes suisses doivent lutter contre le mitage plus activement qu’elles ne l’ont fait au cours de ces cinq dernières années.

Alors que l’on déplore depuis longtemps la raréfaction des terrains à bâtir, la plupart des logements construits en Suisse entre 2016 et 2020 ont été des nouvelles constructions ou des transformations de bâtiments existants, le plus souvent sur des friches industrielles. La plupart des villes ont réussi à accroître de jusqu’à 10% la construction de logements en l’espace de cinq ans, par rapport au parc de logements début 2016.

En termes relatifs, Bussigny et Crissier se classent aux deux premières places, avec respectivement 25% et 23,5% de logements en plus. En termes absolus, Zurich arrive en tête du classement avec presque 11 000 logements en afflux net (= logements neufs moins logements démolis); cela correspond à une hausse du nombre de logements de seulement 5% dans la ville la plus peuplée de Suisse.

Dans la plupart des villes, le ratio entre les logements démolis et les logements neufs est inférieur à 10%. Pour un logement ancien démoli, dix logements neufs étaient construits. La plupart des logements construits ne sont pas des nouvelles constructions de remplacement, mais des nouvelles constructions ou des transformations.

À l’avenir, les villes devront intensifier leurs efforts de densification, de sorte qu’un logement démoli donne lieu à moins de logements neufs qu’auparavant.

En Suisse, lorsque l’on parle de densification, on pense souvent au bâti. Avec la hausse de la population, la mobilité augmente également: le trafic doit donc lui aussi être densifié.

Dans presque la totalité (96%) des quelque 2100 communes suisses étudiées, le nombre de voitures de tourisme immatriculées est en hausse sur les 10 dernières années; il a diminué dans 4% des communes. La voiture restera le moyen de transport privilégié. Toutefois, 140 communes (7%) ont réussi à réduire leur réseau routier. 49% n’ont pas modifié leur surface routière; celle-ci a augmenté dans 44% des communes.

La densité du trafic, qui correspond au ratio entre le nombre de voitures de tourisme et la surface routière en hectares, a augmenté dans plus de 1800 communes et a diminué dans environ 250 communes.

Une hausse de la densité du trafic signifie fort heureusement une utilisation plus efficiente de la surface routière. Toutefois, une densité trop élevée entraîne une surcharge du réseau routier, avec une augmentation des embouteillages et des temps d’attente comme conséquence. En moyenne, on compte aujourd’hui 68 voitures de tourisme par hectare de surface routière, contre 61 en 2010.

Si l’on se réfère à l’ancienneté de ses bâtiments, Le Locle est la plus vieille ville de Suisse. 90% de ses logements ont plus de 40 ans. Berne et Bâle se classent au deuxième et troisième rangs des villes avec le parc de logements le plus ancien avec, respectivement, seulement 12% et 14% de logements de moins de 40 ans. En revanche, Risch et Plan-les-Ouates comptent très peu de logements datant de de la Seconde Guerre mondiale. Dans ces deux communes, 70% des logements ont 40 ans au maximum.

Sur les 172 villes pour lesquelles des données sont disponibles, seules 35 comptent 50% de logements de moins de 40 ans. Ces chiffres montrent à quel point la densification et la rénovation globale du parc de logements sont fastidieuses.

Les logements récents sont considérés comme nettement plus écologiques et moins énergivores que ceux construits avant 1980. En Suisse, 1,5 million de bâtiments doivent être rénovés ou remplacés pour que les objectifs climatiques soient atteints. On pourrait penser que des systèmes de chauffage modernes et respectueux de l’environnement sont davantage présents dans les bâtiments récents que dans les bâtiments anciens.

On s’attendrait donc à ce que rénovation du bâti et tournant énergétique soient parallèles. Certes, cette relation existe, mais elle est relativement peu marquée. Bien que les logements à Bâle et Berne aient à peu près la même ancienneté, 62% des logements bâlois sont équipés de chauffages non polluants, c’est-à-dire pas de chauffage au fuel ou au gaz, contre seulement 16% des logements à Berne. Cela signifie que même dans des bâtiments relativement modernes sur le plan énergétique, le choix d’un système de chauffage respectueux de l’environnement est loin d’être une évidence.