Adoption de la 13e rente AVS: et maintenant?

L’initiative pour une 13e rente AVS a été acceptée dimanche 3 mars par 58 % de la population. La SSE s’était prononcée en faveur du non.

À la suite de l’acceptation de l’initiative populaire, la rente de tous les retraités actuels et futurs augmentera de 8,5 % à partir de 2026. Les dépenses AVS augmenteront ainsi de 4 à 6 milliards de francs par an. La question du financement doit maintenant être traitée par les Chambres fédérales. Selon les discussions menées jusqu’à présent, les cotisations salariales versées par les employeurs et les employés, de même que la TVA, devraient augmenter. Mais d’autres sources de financement méritent d’être évaluées.

Les plus jeunes rejettent la 13e rente AVS

Le sondage d’opinion mené par 20 Minutes et Tamedia à la sortie des urnes indique que toutes les classes d’âge jusqu’à 49 ans ont rejeté la 13e rente AVS. Celles des 50-64 ans et des plus de 65 ans ont par contre majoritairement accepté le projet. En d’autres termes, les retraités actuels et futurs ont accepté l’initiative, alors que celles et ceux qui devront payer l’addition ont refusé de nouvelles charges financières.

Les retraités actuels et les personnes qui vont bientôt prendre leur retraite sont les grands bénéficiaires: ils vont toucher davantage d’argent sans devoir travailler ou effectuer quoi que ce soit en contrepartie. Toutes les générations suivantes devront quant à elles probablement verser des cotisations AVS plus importantes que ce qu’elles toucheront plus tard sous forme de rente. Le projet entraîne une redistribution des jeunes vers les plus âgés, des actifs vers les retraités. Or, une grande majorité d’aînés disposent déjà d’une fortune nettement plus importante que les générations plus jeunes.

L’évolution démographique se fait sentir

Par rapport aux décennies précédentes, le problème fondamental est que la répartition des âges est devenue nettement plus inégale. La Suisse a considérablement vieilli: les plus de 65 ans représentent aujourd’hui 30 % des personnes ayant le droit de vote, un chiffre qui passera même à 35 % dans dix ans. Les plus de 50 ans, c’est-à-dire les personnes qui sont déjà à la retraite ou qui le seront dans un avenir proche, constituent déjà la majorité des électeurs et électrices, et leur proportion va encore augmenter. Par ailleurs, les générations plus âgées participent plus assidûment aux votations que les générations plus jeunes.

Pour davantage de solidarité intragénérationnelle

Le système actuel de l’AVS repose sur une «solidarité intergénérationnelle». Les jeunes générations prennent ainsi en charge les coûts pour les générations plus âgées. La votation de dimanche dernier a toutefois montré que les plus âgés n’hésitent pas à reporter toujours plus de coûts sur les plus jeunes. Une redistribution qui confine à l’absurde, car le système touche à sa fin. Il ne peut en effet plus être qualifié de solidaire, car les charges supplémentaires sont imposées aux jeunes générations sans que celles-ci puissent s’y opposer démocratiquement. À l’avenir, les débats politiques seront de plus en plus gouvernés par cet axiome.

Mais pourquoi ne pas envisager une solidarité intragénérationnelle? Au vu des résultats de la votation de dimanche, voilà une question que se poseront toutes les personnes qui ne privilégient pas leurs propres intérêts à court terme.

Le sondage mentionné précédemment indique que seules les générations plus âgées souhaitent une 13e rente AVS. Une proposition vise donc à ce que le financement soit principalement assuré par la génération bénéficiaire. L’âge de la retraite pourrait être relevé pour tout le monde, avec une hausse plus importante pour les plus âgés que pour les plus jeunes.

Une autre idée serait d’augmenter l’imposition des rentes AVS. Actuellement, celles-ci sont imposables à 100 % en tant que revenu. Si ce taux passait à 110 % ou 120 % – pour tout le monde ou à partir d’une certaine fortune – une plus grande égalité serait établie au sein de la génération des retraités.

Si les jeunes générations et les employeurs devaient finir par devoir financer la 13e rente AVS, les responsables politiques devraient réduire les cotisations salariales et les impôts d’une autre manière pour éviter que la charge totale des cotisants s’alourdisse davantage.