Influence démographique sur les dépenses de construction

Au cours des cinquante dernières années, la tendance montre, dans 40 pays européens, une corrélation négative entre l’âge médian et les dépenses de construction. Cela signifie que dans la plupart des pays, les dépenses de construction diminuent avec l’âge de la population.

Les dépenses de construction s’élèvent en moyenne à 12,1 % du PIB dans les pays dont l’âge médian est compris entre 30 et 40 ans, et à seulement 10,4 % dans les pays dont l’âge médian est supérieur à 40 ans. En Suisse, l’âge médian est passé de 39 ans en 1991 à 43,04 ans en 2023.

La corrélation négative entre l’âge et les dépenses de construction a plusieurs causes. Une raison pragmatique est qu’avec l’âge, les dépenses publiques et privées pour les retraites et la santé augmentent, ce qui réduit les fonds disponibles pour les dépenses de construction. Selon un point de vue pessimiste, les sociétés plus âgées tendent à conserver les infrastructures plutôt qu’à procéder à de nouveaux investissements et accordent donc moins d’importance aux infrastructures que les jeunes.

Une société jeune a un mode de pensée tourné vers l’avenir. Plus la proportion d’enfants (c’est-à-dire de moins de 15 ans) est élevée dans la population, plus la part des dépenses de construction par rapport au PIB est importante. Cette perspective orientée vers l’avenir implique d’abord des investissements dans la construction de logements pour les jeunes familles, ainsi que l’extension d’infrastructures publiques telles que les jardins d’enfants et les écoles.

Les pays comptant au moins 25 % d’enfants consacrent en moyenne 17 % de leur production économique à la construction. Moins de 15 % d’enfants signifie des dépenses de construction inférieures (11 % du PIB). Les sociétés jeunes tiennent compte du fait que leur relève exercera une activité lucrative dans quelques dizaines d’années, ce qui stimulera la puissance économique, mais que les futurs actifs auront aussi besoin de postes de travail.

À l’inverse, une proportion élevée de personnes de plus de 65 ans est associée à des dépenses moins élevées pour la construction. Si moins d’un citoyen sur dix est à la retraite, alors les dépenses de construction s’élèvent en moyenne à plus de 14 %. En revanche, si un citoyen sur cinq est à la retraite, la part de la construction dans le PIB chute à 10 %.

Certes, les besoins en investissements augmentent, par exemple dans les hôpitaux et les établissements médico-sociaux, ainsi que dans la transformation de bâtiments résidentiels en vue d’une utilisation adaptée aux personnes âgées. Mais, dans les sociétés âgées, ce sont plutôt les dépenses de santé et de retraite qui prédominent, raison pour laquelle les moyens financiers pour d’autres dépenses comme l’activité de construction sont plus rares. Les sociétés plus âgées sont en outre relativement conservatrices. Elles misent sur la préservation de ce qui existe, mais font moins d’investissements pour l’avenir. Les dépenses de construction de routes ont tendance à baisser, car les personnes âgées sont moins mobiles que les jeunes et les actifs.

Les graphiques précédents ont montré visuellement la corrélation entre certaines variables démographiques et les dépenses de construction en termes de PIB. Le présent graphique repose sur une étude de causalité, une régression linéaire. Par conséquent, de nombreuses variables démographiques sont statistiquement significatives, mais pas toutes. Certaines augmentent les dépenses de construction, d’autres les réduisent.

C’est la croissance démographique qui a le plus d’impact: si le nombre d’habitants augmente de 1 %, la part de la construction dans le PIB augmente de 0,79 point de pourcentage. Si la proportion d’enfants augmente – par rapport à l’ensemble de la population ou par rapport à la population active –, les dépenses de construction augmentent à nouveau. À l’inverse, le vieillissement de la population s’accompagne d’une baisse des dépenses de construction. 1 % de retraités en plus dans la population signifie une baisse des dépenses de construction de 0,19 point de pourcentage par rapport au PIB.

Une année supplémentaire à l’âge médian génère 0,49 point de pourcentage de moins pour la construction. D’ici 2050, l’âge médian en Suisse passera de 43,0 ans aujourd’hui à 45,9 ans. À lui seul, ce facteur signifierait une baisse des dépenses de construction de 2,9 points de pourcentage du PIB. Mais dans la réalité, il existe bien sûr de nombreux autres facteurs, comme la croissance démographique, qui compensent, du moins en partie, l’effet de freinage du vieillissement de la population.