Le rail et la route sont tous les deux nécessaires

Le transport individuel motorisé (TIM) représente 80 % de tous les voyageurs-kilomètres. Depuis 2000, le TIM a enregistré 11,7 milliards de voyageurs-kilomètres, les transports publics locaux 0,8 milliard et le rail 6,7 milliards.

Même les transports publics de proximité sont assurés aux trois quarts par la route au moyen de trolleybus et d’autobus, et seulement un quart par des trams. L’entretien et l’aménagement des routes restent indispensables si la population suisse veut aller de l’avant.

Si l’on ne transférait que 10 % du volume du transport individuel motorisé, soit 9 milliards de voyageurs-kilomètres, les chemins de fer devraient augmenter leur capacité de moitié, et les transports publics de proximité devraient même tripler. Il faudrait donc beaucoup plus de pilotes de locomotive, de chauffeurs de tram et de bus, du matériel roulant plus long et/ou des cadences plus élevées.

L’infrastructure existante peut être utilisée plus efficacement, mais il y a lieu de douter de la possibilité de réaliser les investissements supplémentaires nécessaires et de recruter du personnel.

Grâce au tunnel de base du Gothard, il a été possible de modifier la répartition modale en peu de temps: avant l’ouverture du tunnel, seul un quart des passagers en provenance et à destination du Tessin prenaient le train en 2016, contre 32 % en 2022.

Sur toute la Suisse en revanche, la répartition modale stagne depuis vingt ans. Le trafic avec le Tessin a nettement augmenté, le train transportant 4000 personnes de plus par jour (+50 %), et la voiture 2000 de plus (+8 %). Sans le nouveau tunnel, le trafic automobile aurait sans doute augmenté encore plus fortement. Les passagers ont opté pour le train, car celui-ci offre désormais des avantages nettement plus importants qu’auparavant: le temps de trajet a été réduit de près d’une heure, et la fréquence des trains a augmenté. De tels avantages tangibles incitent à prendre le train à la place de la voiture.

Le développement du rail est judicieux à de nombreux endroits, mais pas partout. Une réduction du temps de trajet de quelques minutes ne modifie guère la répartition modale. C’est pourquoi la route demeure importante.

120 000 véhicules traversent chaque jour le tunnel de Gubrist, près de Zurich, un goulet d’étranglement connu dans tout le pays pour son engorgement. Le troisième tunnel de Gubrist nouvellement construit illustre les avantages de l’aménagement routier: jusqu’à 20 % de trafic en moins sur les itinéraires alternatifs dans les communes, nettement moins d’embouteillages et 75 % d’accidents en moins sur ce tronçon de l’A1.

Il est important que la Suisse continue à désengorger ces goulets d’étranglement en aménageant ponctuellement les routes afin de réduire les coûts économiques, sanitaires et environnementaux. À l’avenir, la population continuera de se déplacer principalement avec sa propre voiture, et une politique des transports intégrée doit en tenir compte.