Il faut créer plus d’incitations pour les bénéficiaires de rentes RA 

Le système de retraite anticipée (RA) est un acquis fondamental du secteur principal de la construction pour les travailleurs qui lui sont fidèles depuis de longues années. Compte tenu de la pénurie de main-d’œuvre qualifiée, il convient toutefois de créer plus d’incitations pour que les collaborateurs décident de continuer à travailler après leur 60e anniversaire. 

 

En 20 ans d’activité, la Fondation FAR pour la retraite anticipée a accordé plus de 26 800 rentes. Chaque année, elle octroie près de 2 000 nouvelles rentes d’un montant mensuel moyen de 4 500 francs. Les prestations sont versées jusqu’à ce que la personne atteigne l’âge légal de la retraite AVS. Depuis avril 2019, un requérant qui ajourne le début du versement de sa rente RA d’au moins 12 mois – calculé à partir du moment où il aurait rempli pour la première fois les conditions d’une rente transitoire – obtient une majoration de 8% de la rente transitoire mensuelle. En cas d’ajournement d’au moins 24 mois, la majoration de la rente transitoire mensuelle est de 16%. Les incitations à travailler plus longtemps ainsi créées par la fondation FAR ont été conçues comme des mesures d’assainissement. Les économies devaient contribuer à garantir la viabilité financière de ce modèle novateur unique en son genre.

Cependant, un autre aspect important est que cela permet de retenir plus longtemps le personnel qualifié dans le secteur principal de la construction. En effet, de nos jours, les gens sont de plus en plus en forme, même à un certain âge, et la sécurité et la santé dans la construction sont en constante amélioration. La retraite à 60 ans n’est plus une nécessité depuis longtemps. Si les collaborateurs décident d’ajourner leur retraite, cela présente des avantages non seulement pour eux, mais aussi pour l’entreprise. D’une part, ils continuent à percevoir l’intégralité de leur salaire et, grâce à l’ajournement, ils bénéficieront d’une rente RA plus élevée. De plus, en travaillant plus longtemps, ils peuvent améliorer leur prévoyance vieillesse dans le cadre de l’AVS et de la LPP ainsi que du pilier 3a. D’autre part, les collaborateurs sont ainsi plus longtemps disponibles pour les entreprises de construction et peuvent transmettre leur vaste savoir-faire à leurs jeunes collègues. Cela permet également de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre qualifiée.

Outre l’ajournement de la rente RA, il conviendrait de créer d’autres incitations. Par exemple, le gain autorisé malgré la perception d’une rente RA pourrait être mieux conçu, de sorte que les collaborateurs ne soient pas contraints de choisir entre rester actifs à plein temps ou percevoir une rente RA complète. Il devient dès lors intéressant pour eux de garder une activité à temps partiel dans l’entreprise et de transmettre leurs précieuses connaissances. Ceci, bien entendu, moyennant une adaptation en conséquence de la rente RA. De tels moyens permettent d’atténuer la pénurie de main-d’œuvre qualifiée tout en envoyant aux collaborateurs âgés le message que, même après 60 ans, ils n’appartiennent de loin pas encore au passé.

 

A propos de l'auteur

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Susanna Vanek

Rédactrice / Spécialiste en communication

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