Un parc immobilier plus écologique grâce aux assainissements et aux nouvelles constructions de remplacement

Les nouvelles constructions de remplacement ménagent la ressource sol, précieuse et limitée en Suisse. Dans une étude, Wüest Partner a examiné les projets de construction de nouveaux logements autorisés dans tout le pays entre 2017 et 2019. Les résultats montrent une volonté de ménager le sol lors de la construction. Même en périphérie, la plupart des logements (56%) ne sont pas réalisés «en pleine campagne», mais dans le cadre de nouvelles constructions de remplacement, de changement d’affectation ou de surélévation. Ce résultat est surprenant, car il y a davantage de surfaces non bâties disponibles en périphérie que dans les villes et, avec le développement du télétravail, la demande de logements en périphérie devrait être élevée. Cette tendance est perceptible quel que soit le type de commune et la ressource sol est ainsi ménagée. En moyenne, environ 60% des logements en Suisse sont réalisés sur des terrains déjà bâtis. On peut résumer la nouvelle construction de remplacement de la manière suivante : pour un ancien logement démoli, on construit deux nouveaux logements avec trois fois plus de surface habitable, en occupant zéro mètre carré de surface supplémentaire.

Un autre objectif des nouvelles constructions de remplacement est de réduire la consommation d’énergie. La consommation d’énergie du parc immobilier s’élève aujourd’hui à 100 TWh par an, soit, en gros, la moitié de la consommation totale d’énergie de toute la Suisse (222 TWh/a). Les nouvelles constructions de remplacement permettraient de faire passer la consommation d’énergie du parc immobilier de 100 à 40 TWh/a, soit une réduction de 60%. Bien entendu, il n’est pas possible de reconstruire tous les bâtiments dans un laps de temps limité. Bien qu'ils ne soient pas aussi efficaces que les nouvelles constructions, les assainissements contribuent aussi sensiblement à réduire la consommation d’énergie. Certes l’économie réalisée n’est pas ici de 60 TWh/an, mais elle atteint tout de même 43 TWh/a. D’après le département de recherche énergétique de la ville de Zurich, le remplacement des fenêtres semble être très efficace, car dans environ 85% des cas où les anciennes fenêtres ont été remplacées par de nouvelles, la consommation d’énergie diminue. Afin de tirer le meilleur parti de ce potentiel, l’Office fédéral de l’énergie recommande, dans un rapport sur les obstacles à l’assainissement énergétique des bâtiments, de promouvoir l’information et le conseil auprès des propriétaires. Selon le rapport, la plupart des propriétaires devraient disposer de moyens financiers suffisants pour effectuer des assainissements énergétiques. Afin de motiver les investissements dans ce sens, il faudrait mieux communiquer à la fois sur les exigences de qualité et les allègements fiscaux accordés pour les mesures énergétiques.

Plus la transformation d’un logement est importante, plus les futures émissions de gaz à effet de serre seront faibles. Si un immeuble d’habitation de deux étages datant des années 1970 n’est pas rénové, environ 10% des émissions proviennent des matériaux de construction, y compris les installations techniques, et un peu plus de 90% de l’exploitation courante pendant les 100 ans de vie du bâtiment. La part élevée de l’exploitation est due à la mauvaise isolation thermique et à la combustion d’énergies fossiles. Un petit assainissement énergétique permettrait déjà de réduire de deux tiers les émissions dues à l’exploitation. Les assainissements semblent donc efficaces. Grâce à une nouvelle construction de remplacement, les émissions de l’exploitation diminuent même jusqu'à 1/10 de la valeur initiale. Dans le cas d’une nouvelle construction de remplacement, les émissions dues aux matériaux de construction et aux installations techniques n’augmentent que légèrement, passant de 10% à 12%.

La production de béton émet beaucoup de CO2. Le recours à des matériaux de construction recyclés est donc particulièrement important ici, notamment dans le contexte des nouvelles constructions de remplacement, car elles demandent plus de matériaux que les assainissements. Le transport à la décharge et l’élimination dans celle-ci assombrissent le bilan environnemental du béton. Cependant, la revalorisation du béton rend inutile la production de nouveaux matériaux en utilisant du ciment, du sable et du gravier, ce qui équivaut à un crédit dans le bilan environnemental. Ce crédit est bien plus important que l’impact environnemental résultant du transport vers le traitement et le lieu d’utilisation, ainsi du recyclage lui-même. Alors que le béton primaire non réutilisé représente 46 000 unités de charge écologique par tonne, le recyclage favorise l’environnement avec -27,6 TUCE/t net.

Pour mieux évaluer les avantages de l’économie circulaire, il convient d’examiner les grands flux de matières. Bien que le béton et l’asphalte montrent plutôt une faible utilité par tonne dans la valorisation des déchets, leur potentiel de réduction des dommages environnementaux est considérable en raison de leur simple quantité. Recycler les déchets bitumineux de démolition et le béton au lieu de les mettre en décharge permet d’économiser environ 440 milliards d’unités de charge écologique. Cela correspond à l’impact environnemental de 1,2 milliard de kilomètres parcourus en voiture. La réutilisation directe de l’acier et de l’aluminium offre également un grand potentiel de réduction.