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Projet BIM

De la soumission à la fin du projet en passant par la réalisation, le BIM apporte de nombreuses nouveautés dans le déroulement d’un projet, notamment dans la collaboration entre les adjudicateurs, les planificateurs et les exécutants. Vous trouverez ici une description des principales exigences, un éclairage sur les statistiques et des exemples tirés de la pratique.

Déroulement d’un projet BIM

Comment se déroule un projet BIM? Le déroulement typique d’un projet BIM est présenté et expliqué ci-dessous avec les étapes de travail correspondantes. Il peut varier légèrement selon le type et la taille du projet, ainsi que d’autres facteurs.

Soumissions BIM

Les soumissions BIM créent de nouvelles nécessités

Avec le plan d’action Suisse numérique, les entreprises proches de la Confédération sont tenues d’utiliser la méthode BIM depuis 2021 pour les biens immobiliers et, à partir de 2025, pour les installations d’infrastructure. En outre, les maîtres d’ouvrage publics reconnaissent de plus en plus le potentiel du BIM dans leur domaine. Avec l’utilisation croissante du BIM ainsi que la nouvelle loi sur les marchés publics, les soumissions s’éloignent de plus en plus d’une concurrence exclusivement tarifaire au profit d’une concurrence davantage axée sur la qualité. Le législateur souhaite s’assurer que la qualité et les autres critères d’adjudication aient davantage de poids que le prix.

L’exemple actuel de soumission BIM d’un pouvoir adjudicateur avec des critères et des exigences BIM, présenté ci-après, documente cette évolution:

Critère de qualification (CQ)

  • 1 x projet de référence BIM (performance BIM)

Critères d’adjudication (CA)

  • Prix pondéré à seulement 40-60% (concurrence axée sur la qualité)
  • Performance BIM pondérée à 15-30% (performance numérique)
    1. Personnel clé disponible (p. ex. BIM-Manager ou responsable BIM)
    2. Décrire le concept BIM (AVOR, travaux de construction basés sur des modèles, documentation, etc.)
    3. Établir un calcul BIM (facteur de coûts et potentiel d’optimisation)
  • Références du personnel de chantier pondérées à 5-10% (expérience BIM)
    1. Conducteur de travaux
    2. Contremaître
    3. Machiniste
  • Réalisation ménageant les ressources pondérée à 5-10% (durabilité)
  • Promotion professionnelle pondérée à 5% (promotion de la relève)

Dans le cadre d’une soumission BIM, des exigences BIM (EIR/BEP) sont posées et mises au concours non pas avec un modèle 2D mais avec un modèle BIM.

  • Personnel formé pour interpréter et analyser les exigences BIM
  • Personnel formé à l’utilisation des modèles BIM (p. ex. calculateur, conducteur de travaux)
  • Plateforme d’accès au modèle BIM (CDE/IFC-Viewer)
  • Calcul des quantités basé sur un modèle servant de base de calcul
  • Calcul BIM des coûts du déroulement BIM et du potentiel d’économie

Les cas d’usage BIM ci-après sont actuellement exigés dans le cadre de la soumission BIM (EIR/BEP):

  • AVOR / Coordination (initialisation BIM)
  • Gestion numérique des données (CDE / IFC-Viewer)
  • Travaux de construction basés sur des modèles (excavation, piquetage, armature et coffrage, etc.)
  • Documentation finale (restitution, métré, modèle As-Built, etc.)

Évolution des soumissions BIM

Les chiffres suivants montrent l’évolution des soumissions publiques avec des exigences BIM (état : novembre 2023).

Important : les chiffres sont basés sur une simple recherche par mot-clé sur simap.ch et ne prétendent donc pas être exhaustifs ni d’une précision absolue. Il s’agit plutôt de montrer les tendances actuelles.

Formes de collaboration

Choix de la collaboration

La réalisation de chaque ouvrage fait appel à différents intervenants, aucune organisation n’étant aujourd’hui en mesure de le faire seule. Plusieurs intervenants de différentes organisations seront toujours impliqués et représenteront donc des intérêts parfois divergents, que ce soit pour la commande, la planification, l’exécution, les autorités, l’utilisation ou la gestion. L’interaction entre tous les participants est ainsi cruciale pour la réussite du projet. Pour que l’ouvrage puisse apporter sa plus-value dans la gestion, il faut satisfaire autant que possible toutes les exigences et tous les objectifs déterminants des utilisateurs. Une fois ces objectifs convenus, la forme de collaboration appropriée peut être définie. Les objectifs temporels, économiques et qualitatifs jouent ici un rôle central. Si, en raison de conditions-cadres extérieures, un permis de construire doit être élaboré dans les plus brefs délais, la forme de collaboration doit être choisie de manière à ce que cela soit possible. À cet égard, la représentation des compétences est importante. Il faut les intégrer à toutes les phases du développement du projet, de la planification et de l’exécution. Dans le cas des entreprises de construction, cela ne signifie pas nécessairement qu’elles doivent être mandatées pour l’ensemble de l’ouvrage à un stade précoce. Il serait possible, par exemple, que ces compétences prennent la forme d’une prestation de conseil afin d’assurer les travaux de construction.

Si la collaboration repose comme souvent à l’heure actuelle sur le modèle de planification de la construction selon SIA 112, les entreprises de construction ne sont impliquées dans la planification qu’au moment de l’appel d’offres. Selon le corps de métier, des discussions sur la constructibilité ont déjà lieu en amont. La SIA 112 ainsi que les règlements sur les prestations et les honoraires doivent être considérés comme des recommandations, même s’ils sont aujourd’hui appliqués de facto comme des standards. Avec la méthode BIM et dans un souci d’optimisation de la collaboration en particulier, ils doivent être adaptés à chaque projet.

Il est donc important que tous les acteurs déterminants de la planification et de l’exécution soient impliqués contractuellement dans le projet dans une phase précoce afin d’atteindre ensemble les objectifs supérieurs du projet. Ce faisant, le savoir-faire de l’exécution est intégré d’emblée dans le projet et des optimisations précoces et interdisciplinaires sont possibles. L’adjudication des principales prestations de planificateur et d’entrepreneur se fait en une seule phase, c’est-à-dire, au même moment. Cela permet non seulement d’éviter les doublons dans la planification, mais aussi d’augmenter considérablement la sécurité des délais et des coûts, car la planification est orientée très tôt vers une exécution optimisée. La numérisation crée la transparence nécessaire pour s’assurer que les prestations convenues par contrat sont fournies dans leur intégralité.

Modèles EG/ET

Le modèle EG/ET, déjà appliqué par différents maîtres d’ouvrage publics, est actuellement le plus répandu dans la pratique. Ce modèle combine les prestations de planification et de construction. La coordination entre l’ingénieur et l’entrepreneur incombe à l’ET. Le fait de mandater l’ET à un stade très précoce, par exemple dans le cadre de l’avant-projet, ou seulement après l’approbation du projet, dépend du projet. Dans un modèle EG/ET, le maître d’ouvrage a un seul interlocuteur (contractuel).

Le contrat d’entreprise permet au maître d’ouvrage de bénéficier de tous les droits de garantie dans un seul contrat. Les premiers résultats du côté des maîtres d’ouvrage sont majoritairement positifs. Dans le modèle ET, on constate une motivation généralement élevée des participants, avec une forte identification avec le projet. Tout le monde œuvre dans le même sens et cette collaboration progresse au fil de la planification et de l’exécution, et même dès l’élaboration de l’offre.

Modèles de coopération BIM de l’ATB du canton d’Argovie
Modèles de coopération BIM de l’ATB du canton d’Argovie

 

Integrated Project Delivery (IPD)

L’Integrated Project Delivery (IPD), ou réalisation de projet intégrée, est une méthode de réalisation de projets de construction collaborative dans laquelle l’ensemble des participants (hommes, systèmes, structures et processus) sont impliqués dès le début et supportent ensemble les bénéfices et les risques. En se basant sur la méthode agile de gestion de projet et les principes de lean management/lean construction, l’IPD met toujours le projet au premier plan. Tous les autres facteurs comme l’appartenance à une société ou les objectifs d’un département lui sont strictement subordonnés. L’IPD doit permettre d’améliorer la compréhension entre les différents acteurs, de répartir les risques et de faire appel aux compétences techniques le plus tôt possible. Les phases de planification peuvent ainsi être réduites et optimisées et les conflits potentiels éliminés d’emblée. L’utilisation du BIM est requise, ou tout au moins recommandée, pour la mise en œuvre de l’IPD.

Avec l’IPD, le maître d’ouvrage choisit son équipe de projet et les intervenants clés dès le début du projet. Les intervenants clés incluent à chaque fois a minima le maître d’ouvrage, le cabinet d’architectes et l’entrepreneur général. Selon la complexité du projet, il est aussi possible de faire appel à d’autres experts ou entreprises. La sélection ne s’effectue pas au moyen d’une procédure d’appel d’offres classique principalement axée sur le prix, mais sous l’angle de la qualification en fonction des compétences techniques, de l’expérience, du palmarès, de l’intégrité et de la volonté d’engagement dans le processus collaboratif.

La réalisation de projet intégrée est largement axée sur la coopération, qui repose elle-même sur la confiance mutuelle. Sans cette confiance, l’IPD ne peut pas fonctionner, c’est pourquoi les participants au projet doivent aussi présenter une comptabilité transparente. De plus, les intervenants clés concluent un accord multipartite au début du projet, avec ou sans création d’une société simple. L’accord stipule que les risques et succès sont répartis uniformément. Les intervenants clés sont rémunérés à la hauteur de leur contribution. Par ailleurs, des primes de réalisation des objectifs sont versées depuis une cagnotte si les objectifs du projet sont atteints. Si les objectifs de projet ne sont pas atteints, il n’y a pas de bénéfice ni de prime. Et en cas d’échec, chaque partenaire endosse une part de la responsabilité. Les coûts de projet et délais planifiés sont garantis par les différentes parties.

Exemples de projets IPD dans la pratique:

Schaffhauserstrasse Zurich (Implenia) https://implenia.com/fr/investoren/halbjahresbericht/2021/realisation-integree-projets/

Thermoplan Unique (HHM) https://www.thermoplan.ch/en/thermoplan/newbuilding-unique/partners

Design-Build

Design Build est un modèle de gestion de projet qui comprend le développement, la planification et la réalisation intégrés et axés sur le cycle de vie d’un ouvrage par une équipe de projet sous la responsabilité d’un prestataire global en coopération intensive avec les principaux planificateurs et entrepreneurs de groupes de travail. L’objectif principal est la réalisation d’un ouvrage optimisé dans les trois dimensions de la durabilité pour le maître d’ouvrage, ce qui doit être garanti par un concours fonctionnel d’innovation, de coûts et de qualité. Après l’attribution à l’équipe de projet intégrée gagnante, le maître d’ouvrage conclut un contrat d’entreprise avec une garantie globale concernant les objectifs convenus avec le prestataire global qui, de son côté, intègre simultanément par contrat les autres membres de l’équipe de projet pour atteindre les objectifs partiels respectifs. Les aspects centraux sont des intérêts alignés, la prise en charge de la responsabilité des interfaces par le prestataire global et des domaines partiels correspondants par les partenaires compétents respectifs, avec des chances et des risques, des valeurs communes telles que l’ouverture, l’honnêteté, la transparence et l’orientation vers les solutions, ainsi qu’un système de rémunération qui récompense aussi bien les optimisations en faveur du projet global que les prestations innovantes des entrepreneurs. (Définition issue du glossaire de Bâtir Digital Suisse / buildingSMART Switzerland)

Dans la prise de position Modèles de processus intégrés de bdCH (2022), l’IPD et le Design-Build sont décrits en détail à partir d’un exemple: https://bauen-digital.ch/assets/Downloads/fr/2208-10-Modeles-de-processus-integres-FR-Def.pdf

Documents utiles

Plan par étapes BIM Suisse

Comme le virage numérique ne s’opère pas en une nuit, Bâtir Digital Suisse/buildingSMART Switzerland a développé un plan par étapes: conçu comme un modèle abstrait, il décrit le degré de continuité numérique à chaque étape. Cela permet de structurer le processus de transformation et de mettre en lumière la valeur ajoutée pour tous les participants de manière transparente et conforme aux besoins de chaque étape. Le plan par étapes est en cours de révision afin de passer du niveau 2 (état actuel du marché) au niveau 3.

Lien: https://bauen-digital.ch/de/produkte/stufenplan/

Autres publications buildingSMART

Lien: https://bauen-digital.ch/fr/produits/publications/

EIR – Exchange Information Requirements

En français: exigence d’échange d’informations, exigences d’information en lien avec la livraison d’un actif. Les Exchange Information Requirements (EIR) rassemblent les exigences d’information organisationnelles, ainsi que les exigences relatives à l’exploitation de l’actif et au projet en un ensemble d’exigences clair et cohérent formulé par la partie désignante. Les EIR constituent, avec la commande de projet proprement dite, le contenu d’un appel d’offre et les soumissionnaires y répondent par le Pre-appointment BEP.

Lien: https://www.kbob.admin.ch/kbob/fr/home/themen-leistungen/kbob-vertragsbeilagen.html

BEP – Plan d’exécution BIM

Le plan d’exécution BIM ou BIM Execution Plan est un résumé de toutes les activités des participants au projet en rapport avec le BIM. Ces règles d’organisation ont pour but d’organiser la coopération entre les participants au projet et de simplifier ainsi le travail en cours. Un plan d’exécution BIM accroît ainsi les chances de mise en œuvre et de succès de la technologie BIM pour les projets de construction et constitue ainsi un moteur important pour l’implantation du BIM dans le secteur suisse de la construction.

Modèle BEP de la SIA: SIA_D0270_Vorlage_BIM-Projektabwicklungsplan_2018-02-13.docx (live.com)

Lien: https://baumeister.swiss/fr/plan-dexecution-bim-peb/

Normes et standards

Normalisation SIA

Des normes claires sont une condition importante pour la mise en œuvre réussie d’un projet BIM. En Suisse, la normalisation BIM est confiée à la Société suisse des ingénieurs et des architectes (SIA). Une sélection des normes et documents de travail nationaux et internationaux existants ainsi que des articles et des liens informatifs sur le thème de la transformation numérique dans les secteurs de la planification, de la construction et de l’immobilier sont disponibles sur le site Internet de la SIA.

Fiche d’information KBOB

La fiche d’information KBOB sur le traitement des données numériques lors de l’utilisation du BIM dans les projets de conception et de construction offre un aperçu de certains thèmes à prendre en compte dans le traitement des données lors de l’utilisation du BIM dans les projets de conception et de construction, notamment: la propriété et la souveraineté des données, l’utilisation des données, la sécurité des données, la protection des données et la responsabilité.

CRB: Code des coûts de construction par éléments Bâtiment (eCCC)

Le Code des coûts de construction Bâtiment sert à ventiler et à gérer les coûts des différents éléments de construction ou des corps de métier. Pour se familiariser facilement avec le code des coûts de construction par éléments Bâtiment, il existe des manuels d’utilisation pour les normes suisses SN 506 511 eCCC-Bât et SN 506 512 eCCC-Bât. L’eCCC-Bât permet de structurer et de représenter les coûts de construction d’un projet de construction. Actuellement, différentes initiatives sont en cours sur le thème des appels d’offres basés sur des modèles. Les options de développement du CAN, de l’eCCC et du calcul des coûts basé sur les éléments de construction sont à l’étude.

buildingSMART: IFC

Les Industry Foundation Classes (IFC) sont un standard ouvert – normalisé SN EN ISO 16739 – pour la description de modèles de construction numériques et font l’objet d’un développement continu. Comme visible dans la figure 14, l’ingénieur structure peut ainsi exporter un modèle de construction numérique à partir de son outil d’auteur sous la forme d’un fichier IFC, lequel peut être référencé ou importé par l’entreprise de construction. Sur la base de ces informations, l’entreprise de construction peut créer le modèle d’exécution qui contient toutes les informations qui l’intéressent. Ce modèle d’exécution peut ensuite être utilisé de manière polyvalente sur le chantier sous forme de fichier IFC: pour effectuer des piquetages, des contrôles de qualité ou comme base pour les commandes de machines. Plusieurs modèles de construction numériques peuvent être réunis sur la plateforme commune du projet.

Lors de l’exportation de l’environnement natif de l’outil d’auteur vers le schéma IFC, des Model View Definitions (MVD, définition de vue modèle) sont utilisées. À cet égard, un sous-ensemble défini du schéma IFC est rempli avec des données provenant de l’outil d’auteur. Les MVD sont définies pour une ou plusieurs applications. «buildingSMART International» certifie les outils d’auteurs pour l’importation et/ou l’exportation de MVD définies. Les versions actuelles sont consultables ici: https://technical.buildingsmart.org/standards/ifc/mvd/mvd-database/

Catalogue des données techniques

Un catalogue des données techniques est une synthèse structurée des exigences en matière de données BIM pour un domaine ou une branche spécifique. Il répertorie typiquement tous les éléments de construction ou objets déterminants, et décrit leurs propriétés et relations. Un catalogue des données techniques peut être utilisé comme guide pour la modélisation des données dans un projet BIM afin de garantir que toutes les exigences pertinentes sont satisfaites et que les données sont cohérentes et interopérables. Le catalogue des données techniques peut également servir de base pour l’échange de données entre différentes applications logicielles qui utilisent le BIM.

Actuellement, la SSE connaît les catalogues des données techniques des CFF et du canton de Zurich. À l’avenir, il convient de viser dans l’idéal un catalogue des données techniques unique pour le secteur suisse de la construction.

Dans la pratique